Dans la révélation d’un potentiel managérial, l’ambition apparaît comme un critère prépondérant même s’il n’est pas essentiel. Chaque Dirigeant et futur Dirigeant doit être au clair sur ses aspirations professionnelles et personnelles de fond pour faire ses meilleurs choix d’évolution de carrière.

Comment fonctionne l’ambition ?

Nos études ont montré que l’élaboration de l’ambition remonte le plus souvent assez loin dans l’enfance en répondant à une problématique d’insatisfaction/compensation, de « frustration » diront certains ; elle construit un imaginaire de réussite, aux formes multiples, influencé par l’environnement et l’histoire de la personne.
L’ambition raconte des récits d’identification, ou au contraire de différenciation, de statut social renforcé ou même de liens affectifs familiaux blessés à reconstruire, dont les fondements n’ont, en fait, comme réalité que celle que la personne a voulu retenir.
Aucun talent remarqué n’existe sans ambition pour soutenir son expression Ces histoires aux origines souvent anciennes, portent des œuvres magistrales, fruit d’une intelligence en recherche perpétuelle de distinction, de reconnaissance personnelle ou de recherche de pouvoir.

Pouvoir : le gros mot est lâché !

Le concept de « pouvoir » renvoie à la capacité d’influencer autrui ; il se situe au cœur des relations sociales au sens large.
Les cultures l’apprécient différemment : l’ambition reflète une vertu d’excellence pour certaines (cf. l’Amérique du Nord) ou une capacité individuelle à se camoufler dans la force d’un groupe, qu’il soit familial ou tribal (Asie). Nous avons entendu, lors de nos études internationales toutes ces positions s’afficher comme des codes ; nous avons vérifié dans le même temps la présence de l’ambition individuelle comme facteur d’évolution incontestable de façon interculturelle.

Dans l’idéologie française, la volonté de pouvoir est ressentie comme un « péché » contre la morale. Pour illustrer ce constat, on pourra relire Jacques-Henri Bernardin de Saint-Pierre qui la décrit dans son ouvrage sur l’amitié : « L’ambition n’est autre chose que le désir d’être le premier, et elle est la cause de tous les malheurs du genre humain. Dans sa naissance, ce n’est qu’une étincelle brillante, mais si on l’anime, bientôt c’est un feu dévorant qui consume jusqu’à celui qui l’a allumé ». Et toujours dans l’idée du feu dévorant : « Si haut que l’on monte, on finit toujours par des cendres » (Henri Rochefort).
Pour atténuer l’impact négatif du mot « pouvoir », les entreprises parleront de capacité de leadership, d’aptitude à décider ou à convaincre en ayant des timidités à mettre en exergue le ressort qui permet à certains de prendre ces risques.

Le prix à payer

L’ambition réclame des efforts importants pour réaliser ses objectifs ; Un Président de la République française, l’exprime clairement dans un de ses écrits : « ce qui fait la crédibilité d’une ambition, c’est le prix personnel qu’on est prêt à payer » (Nicolas Sarkozy)
Elle est source de motivation pour poursuivre dans l’effort. Elle permet d’accepter les contraintes et les risques en contrepartie des satisfactions recherchées.
En revanche la peur de l’échec peut étouffer l’ambition.
Car il est vrai que l’ambitieux doit avoir la chance avec lui (la Fortuna de Machiavel évoquant ce concept complexe fait de déterminisme et de liberté), car le courage, l’intelligence politique ou économique et l’ingéniosité ne suffisent pas toujours pour réussir.

« J’aime celui qui rêve l’impossible »

nous dit Goethe, en prenant pour précepte « si tu veux tu peux ».
La personne portée par l’ambition est convaincue qu’elle peut combler la distance qui sépare ses aspirations à la réalité obtenue. Car il y a un principe de réalisation dans l’ambition : la réussite se montre.
Grâce à cette force qui plonge en partie dans l’inconscient, l’ambition permettra de dépasser l’échec, vécu alors comme momentané.
L’ambition peut aussi se calmer et s’assoupir quand elle est assouvie ou que la sagesse est venue du devoir accompli et de la satisfaction du dépassement de soi et de l’apport aux autres.

« Nous devenons ce qui est l’objet de nos aspirations les plus profondes »

Les dirigeants d’entreprises, les hauts responsables de la fonction publique et tous ceux qui sont chargés de missions managériales savent que Gandhi, auteur de cette phrase, a eu raison au moins sur ce point-là.
Il nous faut étancher, si elle se présente à nous, cette soif de succès en prenant la mesure de nos atouts, talents, faiblesses et risques pour réaliser ce à quoi on croit.
Nous l’avons constaté, nous qui accompagnons les Dirigeants et les entreprises à relever des défis, dans des programmes de développement de potentiel , l’Ambition est le concept appliqué à soi, avec lequel, chacun d’entre nous, doit être au clair.

Muriel Ortoli

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